Communiqué du 26 septembre 2019
En ce début de mois de septembre, la ville de Mitry-Mory, à l’image d’autres communes de France et de Seine-et-Marne, a interdit par arrêté l’épandage de produits phytosanitaires à moins de 150 mètres des habitations et établissements scolaires ou périscolaires. Dans cette commune marquée par une histoire agricole ancienne et vivante, cette décision forte intervient alors que le gouvernement lance une concertation pour fixer le périmètre de telles zones de non-traitement.
Rappelons que ce dernier y est contraint par l’annulation de son arrêté du 4 mai 2017 sur les produits phytosanitaires, qui ne prévoyait selon le Conseil d’État « aucune mesure générale destinée à protéger les riverains des zones agricoles traitées », comme l’y oblige la directive européenne du 21 octobre 2009.
La ville de Mitry-Mory, depuis le 1er janvier 2017, a cessé d’utiliser ces produits dans l’entretien des espaces verts, malgré les difficultés et surcoûts générés. Depuis le 1er janvier 2019, ce sont les particuliers qui sont soumis à cette interdiction.
Les conséquences sont certes d’un tout autre ordre pour les agriculteurs dont le travail est devenu dépendant de ces produits. Bien que nous comprenions leur inquiétude et l’extrême nécessité de les accompagner dans cette transition, les difficultés ne peuvent nous détourner de l’objectif premier : préserver notre santé face à un risque avéré, la toxicité de ces produits ne faisant pas débat.
Il ne s’agit donc pas là d’une lubie passagère visant à mettre en cause les agriculteurs : l’utilisation des pesticides dépasse le cadre de leurs exploitations, et cet arrêté soumet aux mêmes interdictions les parcelles communales, emprises SNCF et industrielles.
Comme les nombreux maires et présidents de département auteurs de ces arrêtés, nous voulons pousser le gouvernement à prendre des mesures à la hauteur de l’enjeu, qui ne sauraient être à la charge des contribuables, des collectivités ou des exploitants, eux-mêmes victimes de cette situation.
Face aux fabricants de pesticides qui imposent, à coups de dizaines de millions d’euros dépensés chaque année en lobbying, un modèle agricole taillé à leur mesure et pour leur seul profit, ce sont bien les états, et même l’Europe, qui doivent assurer la transition vers une agriculture durable et respectueuse de l’ensemble des acteurs de la chaîne agro-alimentaire.
En fixant un périmètre d’interdiction de 150 mètres, nous rappelons que ce n’est pas la volonté du gouvernement qui propose 5 à 10 mètres en prétendant suivre l’avis de l’ANSES du 14 juin 2019, qui souligne pourtant l’absence d’études sur l’impact au-delà de ces périmètres, et la nécessité de fixer, par précaution, des distances supérieures.
Nous ne pouvons accepter cette politique de petits pas inutiles, qui vise à calmer l’opinion pour ne rien changer. Dans l’intérêt de chacun, nous avons désormais besoin de décisions fortes et de solutions nouvelles.
Charlotte Blandiot-Faride, maire de Mitry-Mory