Débat et doléances : retour sur le grand débat

    Débat et doléances : retour sur le grand débat

    Les cahiers de doléances et de propositions mis en place par la Ville pour recueillir la parole des Mitryen-ne-s ont connu un franc succès. Relevé de situation.

    Le Grand débat voulu par la présidence de la République dans le contexte particulier qui anime notre pays depuis maintenant plus de six mois, s’est achevé mi-mars.

    Si Emmanuel Macron a souhaité en confier l’organisation aux maires, la discussion portant sur le projet politique du gouvernement, Mitry-Mory a considéré qu’il n’était pas
    de son ressort de répondre aux demandes directement adressées au Président. C’est pourquoi la municipalité a proposé à Rodrigue Kokouendo, député En Marche
    de la circonscription, d’organiser cet échange dans notre commune au nom de la majorité à laquelle il appartient. Cette proposition est restée lettre morte.

    Dès son annonce en janvier, ce débat, comme réponse au mouvement des gilets jaunes qui secoue le pays, a concentré de nombreuses critiques. Non sans raison. La lettre du  Président, adressée à tous les Français-es, et qui définit les contours du débat, est claire : rien ne doit sortir du carcan du dogme libéral, comme en témoigne la mise à l’écart de la question de l’ISF (Impôt de solidarité sur la fortune), et de bien d’autres. De plus, l’image d’un Président de la République confisquant le dialogue au profit de monologues interminables retransmis sur les chaînes d’information en continue, finit d’achever le tableau.

    Jugeant les réponses apportées en début de crise insuffisantes, la municipalité a pris l’initiative, précédant ainsi l’annonce du fameux débat, de mettre à la disposition des Mitryen-ne-s, dans les accueils publics, des cahiers de doléances et de propositions.

    La référence à 1789 ne laisse pas de doute quant à l’évaluation de la situation. Ni, surtout, quant à l’extrême urgence sociale et démocratique qui a été mise en lumière par le mouvement des gilets jaunes.

    Les Mitryen-ne-s se sont exprimés en nombre avec plus de 100 contributions qui ont été remises, depuis, au gouvernement. Sans surprise, ce sont les thèmes du pouvoir d’achat et des services publics qui tiennent le haut du pavé. Retour sur les doléances des Mitryen-ne-s et sur ce qu’elles révèlent.

    Cahier de doléances ?

    C’est un registre dans lequel les assemblées chargées d’élire les députés des États généraux notaient vœux et doléances. Les cahiers de doléances les plus notoires restent ceux de 1789, ouverts dans tout le pays pour récolter les demandes et propositions des Français-es. Souvent concrètes et pertinentes, elles servirent de guide de la Révolution pour construire un nouveau pacte social et démocratique.

    Pouvoir d’achat, services publics et justice fiscale

    La lecture des cahiers de doléances et de propositions est riche d’enseignements.

    Dans un souci de transparences, madame le maire en a fait la présentation, mardi 19 mars, en introduction du conseil municipal consacré au débat d’orientation budgétaire.

    Les mots et les thèmes qui reviennent sont éloquents.

    En tête, la question de la revalorisation des retraites et de leur réindexation sur l’inflation revient plus de 20 fois dans les doléances. Juste après, on retrouve la revalorisation des salaires avec, là encore, plus de 20 occurrences. Sont évoqués également le montant des loyers, le coût de l’énergie, et le coût de la vie en général. Ce n’est pas une surprise : la révolte qui secoue la France depuis des mois est née de ces questions cruciales de pouvoir d’achat.

    Celles-ci révèlent une situation sociale qui nécessite bien plus qu’un ajustement ponctuel.

    L’ISF, pourtant mis à l’écart du Grand débat, n’est pas en reste. 16 contributions en demandent directement le rétablissement. Onze autres évoquent la question de la justice fiscale, qu’il s’agisse de sa répartition, de la suppression de niches ou de la lutte contre l’évasion fiscale. Loin d’être une condamnation de l’impôt, les doléances insistent sur une juste répartition de l’effort.

    Un second thème lié à cette demande de justice apparaît : celui de la rémunération des plus hauts représentants de l’État. Une dizaine de contributions évoquent ce sujet non pas tant comme ce qui pourrait devenir une source d’économie mais pour dénoncer un décalage par rapport aux réalités vécues par de nombreux citoyens.

    Enfin un troisième grand thème apparaît dans ces contributions : celui des services publics. Le transport d’abord, évoqué à 12 reprises. Son amélioration, la création de nouvelles liaisons, le coût des trajets et, pour 6 contributions, l’absurde projet du CDG Express.

    Ensuite vient la question de la santé et de la difficulté de l’accès aux soins. Puis c’est le mot école qui revient près de 10 fois, ainsi que celui d’éducation. Le mot de sécurité est également présent et vient souligner le manque de fonctionnaires de police. Enfin, l’écologie est aussi au centre des inquiétudes des citoyen-ne-s.

    En chiffres

    • + de 100 Le nombre de contributions recueillies
    • + de 20 Le nombre de fois où la question des retraites est apparue
    • + de 20 Le nombre d’occurrences relatives aux salaires
    • + de 15 Le nombre de fois où le rétablissement de l’ISF est évoqué

    Et maintenant ?

    L’initiative avait été prise avant l’annonce du Grand débat par le Président de la République.

    Plus qu’un débat, les cahiers de doléances et de propositions proposés aux Mitryen-ne-s par la Ville sont comme un relevé des attentes des citoyen-ne-s.

    Surtout, ils avancent des propositions concrètes pour remédier à la crise sociale et démocratique que traverse le pays.

    Plus de 100 contributions ont ainsi été recueillies sur Mitry-Mory.

    Le 22 février dernier, la sous-préfecture a demandé à la Ville de remettre une copie de ces cahiers de doléances dans le cadre du Grand débat. C’est ce qui a été fait.

    Qu’en fera le gouvernement ? La question reste posée.