Le 29 septembre dernier, le rapport de la commission d’enquête est enfin tombé. Plus de trois mois après la fin de l’enquête publique, au lieu d’un mois, les rapporteurs ont donné leurs conclusions, et elles sont difficilement compréhensibles.
Pour rappel, le CDG express est ce projet de liaison ferroviaire qui doit relier l’Aéroport de Roissy Charles de Gaulle à Paris, Gare de l’Est, moyennant un coût prévisionnel de 24 € le ticket.
Problème ? Cette ligne sera directe et empruntera les voies de la ligne K, qui sont aussi celles du RER B en situation perturbée, ainsi que du fret et du TER Picardie.
De grandes réserves
Un réel impact négatif sur nos trains du quotidien est donc à prévoir, point souligné notamment par les rapports du STIF Syndicat des Transports d’Ile-de-France) et de l’ARAFER (Autorité de Régulation des Activités Ferroviaires et Routières). Un argument qui compte d’ailleurs parmi les griefs formulés par la commission d’enquête, qui a émis un avis favorable sous réserve de deux points principaux : le projet devra garantir l’absence d’impact pour les trains du quotidien, ce qui paraît donc impossible, et devra aussi apporter des précisions et garanties sur son montage juridico-financier, qualifié d’ « inconsistant » par les commissaires enquêteurs. En effet, aucune précision n’est apportée sur le financement d’une telle opération, garantie par le gouvernement sans fonds publics, mais dans laquelle seul de l’argent public ou parapublic est engagé. À tel point que la commission d’enquête se déclare incapable « d’appréhender la faisabilité du montage juridique », incapable « d’apprécier le bien-fondé des dépenses », et qualifie le mode de financement de « lacunaire ». Dommage ! Ces questions étaient précisément les seules à devoir être étudiées dans le cadre de l’enquête publique !
Comment peut-on donner un avis favorable après de telles réprimandes ? En répondant à côté dans un rapport absurde accusant 3 mois de retard. La pression doit en effet être bien forte sur les épaules de la commission d’enquête étant donnés les enjeux économiques privés qui pèsent sur ce dossier.
Une mobilisation entendue
Si elles nous apparaissent donc incompréhensibles, ces conclusions peuvent toutefois être accueillies comme une bonne nouvelle. C’est tout d’abord la preuve que la mobilisation des citoyens, des élus et des syndicats sur cette question a permis d’infléchir une enquête publique qui s’annonçait écrite d’avance. C’est ensuite une belle épine dans le pied des promoteurs du projet, car on ne voit pas bien comment de si sérieuses réserves pourront être levées. Enfin, c’est une invitation à se saisir des commentaires sévères de la commission pour continuer le combat dans l’intérêt des Mitryens et des millions de citoyens concernés par ce projet. Dans cette optique, madame le maire a été élue vice-présidente de l’association NON au CDG Express qui regroupe élus, syndicats, associations et citoyens. Actuellement en cours de création, elle entend structurer la lutte contre le CDG Express en continuant d’alerter la population sur les dangers que constitue le projet pour les transports en commun, en portant de nombreuses propositions alternatives et en se réservant la possibilité d’ester en justice. La mobilisation citoyenne continue donc de prendre de l’ampleur.
Ne pas confondre Grand Paris Express et CDG Express
Le Grand Paris Express est un projet de transport public en cours de réalisation, comportant la création de lignes ferroviaires accessibles à la tarification normale du STIF, et donc de votre Pass Navigo, devant faciliter notamment les liaisons inter-banlieues. L’idée ? Décongestionner les trajets vers Paris, et envisager un développement économique, scientifique et urbain moins concentré vers la capitale. Lancé dans les années 2000, il devrait être en service entre 2020 et 2030. Il comporte notamment 2 extensions (lignes 11 et 14) et 4 lignes nouvelles (15, 16, 17, 18) pour 200 km de voies et 68 stations. Aussi, pour exemple, là où le CDG Express prévoit de relier Paris à l’aéroport Charles de Gaulle sans arrêt pour 24 € par trajet, la ligne 17 du Grand Paris Express proposera un tracé similaire sans ajouter 1€ à votre coût de transport actuel. À ne surtout pas confondre donc !
