Courant septembre, des travaux vont démarrer sur l’Espace naturel régional du Moulin des Marais, autour de l’étang de la Fontaine Gravier1. Ils dureront entre deux semaines et un mois. Commandités par l’Agence des espaces Verts de la Région d’Île-de-France (AEV), aménageur et gestionnaire du massif, ils s’inscrivent dans le cadre d’un schéma directeur d’aménagement : la restauration et l’ouverture au public d’un des plus vastes marécages d’Île-de-France.
Améliorer la circulation et la qualité de l’eau
L’objectif de ces travaux est d’améliorer la circulation et la qualité de l’eau, présente partout sur le site. Conformément aux préconisations du Code de l’Environnement*, l’ouvrage de rétention d’eau2, délabré, va être progressivement démantelé. Cela permettra de rétablir une continuité écologique entre les eaux propres du puits artésien et les cours d’eau situés en aval. L’assèchement d’une partie de l’étang, déjà en cours, va se poursuivre, laissant place au développement d’une prairie marécageuse1, qui pourrait offrir un paysage similaire à la Cariçaie3 située à proximité, rouverte en 2014. Les abords du puits artésien4, en revanche, seront laissés en eau. La séparation de ces deux entités permettra de préserver les eaux propres qui jaillissent de la nappe profonde (puits artésien) des eaux superficielles présentant des risques de pollution (zone de l’étang). Ces travaux sont nécessaires à la restauration de la biodiversité du site.
Accompagner la nature, accueillir le public
Un suivi hydraulique et environnemental va être mis en place. Il aidera à déterminer si de nouvelles interventions sont nécessaires pour accompagner le bon développement des milieux (profilage des berges, plantations adaptées,…). Un projet est également à l’étude pour prolonger la circulation des « eaux propres » sur l’ensemble du site et empêcher la disparition d’autres zones humides. Enfin, l’installation d’aménagements pour le public est en cours de réflexion. À ce stade, la création d’un ponton5 est envisagée au cœur de la zone humide, pour permettre aux promeneurs de s’immerger au cœur de la végétation et d’effectuer des observations.
* en référence à l’article R.214-109 du Code de l’Environnement, relatif aux ouvrages constituant un obstacle à la continuité écologique.
Restauration et ouverture au public d’un site unique en Île-de-France
Le schéma directeur d’aménagement de l’Espace naturel régional du Moulin des Marais est piloté par l’Agence des espaces verts, aménageur et gestionnaire, en concertation avec la commune de Mitry-Mory et la Direction départementale des Territoires (DDT) de Seine-et-Marne.
L’objectif est de :
- Restaurer et mettre en valeur le potentiel écologique, hydraulique et historique du site ;
- Faciliter son accès depuis la commune de Mitry-Mory et les communes voisines à une échelle plus globale, en lien avec les projets de circulations douces portés par les collectivités ;
- Le mettre en connexion avec les autres espaces naturels, pour commencer la Forêt régionale de Claye-Souilly puis la Promenade de la Dhuis.
Restaurer l’ancien marécage et sa biodiversité
Une étude, réalisée en 2010, a montré le fort potentiel hydraulique et écologique du site, tout en mettant en évidence sa fragilité : la fermeture des milieux (tourbières alcalines6 résiduelles envahies par les peupliers), l’assèchement progressif des zones humides, la mauvaise circulation de l’eau sur le site avec des risques de pollution, ont entraîné une baisse importante de la biodiversité. Plusieurs actions ont donc été préconisées pour restaurer les milieux naturels d’origine. Les premiers travaux ont consisté à rouvrir, au sud, la roselière7, et au centre, la cariçaie (plaine marécageuse peuplée de Carex). Des défrichements ont été effectués pour permettre à l’eau de mieux circuler et à la végétation aquatique de s’épanouir. La prochaine étape est la réouverture des anciennes tourbières, avec le retrait de peupliers sur l’ensemble de la zone.
Ouvrir le site au public, sur la ville et les espaces naturels alentour
Le schéma directeur d’aménagement a également pour objectif le désenclavement de l’Espace naturel régional du Moulin des Marais. L’aménagement d’une liaison est prévu entre le nord et le sud, et vers la gare de Mitry-Mory. 700 mètres de chemin ont déjà été viabilisés pour accéder au bois et à la zone de l’étang, avec l’aménagement d’une passerelle8 permettant de franchir le rû de la Fontaine Gravier. Une nouvelle entrée9 va être aménagée au nord du site, pour être davantage identifiable et fonctionnelle. Ce nouvel aménagement mettra également en valeur le patrimoine arboré du site (bois d’aubépines10, allées de charmes11 , alignement de marronniers13) et historique (remise en état de l’ancien portail9, valorisation du mégalithe dit « le Menhir13» et de l’ancien axe d’entrée). Le chantier devrait démarrer à la fin de l’année. L’AEV informera les habitants au fur et à mesure de l’avancée des travaux. Enfin, l’installation de mobilier et de la signalétique est prévue pour l’accueil du public.
Une réhabilitation des milieux humides essentielle pour le maintien de la biodiversité
L’Espace naturel du Moulin des Marais, situé en fond du vallon de la Reneuse, est le vestige de ce qui était, au 18e siècle, l’un des plus vastes marécages d’Île-de-France. Profondément modifié par la construction d’infrastructures le traversant, notamment le canal de l’Ourcq, le site a vu, au fil des années, ses zone humides (tourbières, roselière, cariçaie…) s’assécher. Les zones humides sont des écosystèmes essentiels pour la biodiversité en général. Elles offrent des habitats uniques pour la faune et la flore, participent à l’épuration de l’eau, à la recharge des nappes phréatiques et plus globalement, à la régulation des crues et des inondations. Les travaux réalisés ou restant à réaliser sur le site participent au maintien et au développement de ces milieux précieux.
Les tourbières alcalines résiduelles, situées au sud du site, sont des « milieux rares », particulièrement en Île-de-France. Formées par l’accumulation de débris végétaux saturés en eau, elles fournissent un habitat irremplaçable à un large éventail de plantes (laîches, carex, orchidées, plantes carnivores…) et d’insectes, principalement les odonates (libellules et demoiselles). La zone est également remarquable par sa qualité paysagère, définie par les groupements végétaux et leur agencement. Les peupliers plantés par les anciens propriétaires, et qui ont envahi la zone, sont prévus d’être retirés pour pérenniser ce potentiel écologique et paysager.
Sous réserve de la reprise des animations nature organisées par l’AEV dans le cadre de la Natur’Box, rendez-vous samedi 19 septembre à 9h pour une visite des tourbières, avec l’association RENARD. Informations et inscription sur www.aev-iledefrance.fr.
Le bénéfice des travaux réalisés en 2014 sur la roselière, située à proximité de l’ancienne tourbière, porte déjà ses fruits. Le dégagement de chablis et de branches, obstruant la zone (embâcles), a permis à la végétation (notamment des phragmites) de s’épanouir, offrant gîte et couvert à de nombreuses espèces d’insectes (odonates par exemple) ou encore d’oiseaux rares et menacés, principalement paludicoles (vivant dans les roseaux) comme le Râle d’eau, le Phragmite des joncs et la Bouscarle de Cetti.
Sur la zone de la cariçaie, le retrait d’arbres et d’arbustes a profité au développement et à l’expansion des Carex. Profitant d’un meilleur apport en lumière et d’une plus grande surface en eau, ceux-ci forment à présent de véritables donjons végétaux (« touradons »), redonnant ainsi au site toutes ses qualités paysagères. Ces milieux sont également habités par de nombreux amphibiens (trois espèces de Grenouille et le désormais plutôt rare « Crapaud commun »). D’autres prédateurs se réjouissent de ces milieux, à l’instar des chauves-souris qui raffolent des zones humides pour leur alimentation. Ainsi, la Pipistrelle très probablement présente sur le site, peut avaler jusqu’à 600 moustiques par nuit et nous soulager d’autant de piqûres.
Pour améliorer le quotidien des Franciliens, l’Agence des espaces verts imagine, aménage et protège les espaces naturels de la Région. Depuis plus de 40 ans, ses experts mobilisent l’intelligence collective des acteurs du territoire pour préserver le fragile équilibre entre la ville et la nature.